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Pourquoi le temps d’écran est-il une patate chaude?

Le temps d’écran peut être défini par tout moment passé devant un écran, quel qu’il soit. En 2019, 95% des Québécois possédaient au moins un appareil électronique. Cette omniprésence des écrans dans nos vies soulève plusieurs inquiétudes sur ses impacts potentiels, tant sur la santé physique que psychologique.


Dans cet épisode de la série Hyperconnectivité et temps d’écran du balado Les Temps moderne, Annie Turbide s’entretient avec Normand Landry, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation aux médias et droits humains, ainsi que Magali Dufour, psychologue et présidente du comité d’experts derrière la conception de la campagne PAUSE ton écran, une campagne qui invite les jeunes à se déconnecter.

Plusieurs études tendent à démontrer que le temps d’écran est dommageable sur le développement global des enfants. Pourtant, d’autres études remettent en question cette conclusion. En effet, ne mesurent-elles pas plutôt les conséquences du temps passé seul sans un adulte ?


Dans un rapport publié en août 2020 le Conseil supérieur de l’éducation met en lumière le fait que chaque nouvelle technologie déclenche des réactions de craintes et de rejet. Cinéma, journaux, romans : rappelons-nous que ces innovations ont aussi été présumées néfastes pour la jeunesse au moment de leur avènement !


Quoi qu’il en soit, Normand Landry et Magali Dufour déplorent le fait que, socialement, nous accordons beaucoup d’importance au temps consacré aux écrans. Après tout, cela ne serait qu’un chiffre! Selon eux, il faut définitivement aller voir plus loin. « Le temps d’écran est un indice. Pour l’instant, je remarque que nous sommes obsédés par celui-ci et on perd de vue d’autres indices beaucoup plus importants », fait valoir Magali Dufour.


Normand Landry renchérit : « Le temps d'écran, c'est un mauvais concept. Il ne nous aide pas à réfléchir correctement à la place des appareils numériques dans nos vies. D’autres enjeux se dissimulent derrière celui-ci; comme la question de la présence parentale ou celle de la variété des usages ».


De fait, lorsqu’on parle de temps d’écran, on présuppose que les enfants devraient consacrer leur temps à d’autres types d’activités : jouer avec des amis, bricoler, faire du sport, etc.


Et si comme adulte, nous avions un examen de conscience à faire? Le temps que les jeunes consacrent aux écrans ne mettrait-il pas en lumière l’incapacité des adultes à s’investir en temps et en énergie pour amener les jeunes à avoir des occupations quotidiennes variées. « Parlons franchement, certains adultes vont permettre aux enfants d’utiliser leurs appareils électroniques uniquement lorsque ça fait leur affaire », dit sans détour Normand Landry. Il y a une réflexion à avoir sur le rôle parental et sur notre mode de vie familial, croit-il.


Bon ou pas bon

De son côté, Magali Dufour rappelle qu’il n'y a pas de ligne franche entre ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. Il n’y a pas de dichotomie avec le temps d’écran, il y a plusieurs nuances. Elle appelle à faire la distinction entre le temps d’écran consacré aux loisirs et au travail (ou aux études). Et encore là, il ne faudrait pas qu'on se mette à glorifier un seul type d’usage au détriment des autres. « Ça prend de la diversité! »


Le fait de parler du temps d’écran comme si c’était noir ou blanc amène de nombreuses personnes à se sentir coupable de passer du temps sur les écrans, alors que ce temps peut aussi être bénéfique. Elle donne la consommation d’alcool en exemple, qui peut être équilibrée chez certaines personnes et pas chez d’autres. Les nuances sont toujours de mise.


Des études ont quantifié le temps d’écran recommandé par jour. Cela a peut-être eu pour effet de stigmatiser le temps d’écran et de le réduire à un chiffre. « Le danger de la quantification est aussi que le seuil soit tellement bas qu’il devienne impossible à atteindre pour la majorité des gens, surtout en ce temps de pandémie. Alors là, tout le monde se sent coupable sans raison », indique Magali Dufour.


Usage vs temps

Normand Landry insiste sur la notion d’usage des écrans, qui est centrale selon lui. On peut créer du contenu, partager, interagir avec les autres ou on peut être passif et consommer des contenus. Cela ne donnera pas les mêmes résultats. Comment répartit-on le temps qu’on consacre aux écrans? Que fait-on? Pourquoi le fait-on?


Mais, alors comment classifier les usages? « Il faut se demander quel rôle occupe la technologie dans nos vies, par rapport à d’autres activités non médiatiques. Quel besoin l’activité numérique vient-elle combler? », répond Normand Landry.


Encore ici, il existe un risque de tomber dans le piège de catégoriser les usages comme étant bon ou mauvais. « Est-ce qu’il y a juste créer du contenu qui est bon? Non, parce que parfois, on a juste besoin de s'évader. Il faut faire attention à ne pas être trop critique. Il faut aussi se demander quels sont les effets liés à certains usages », affirme Magali Dufour.


Selon son expérience, seulement 1% à 3% des gens développent une véritable dépendance face à l’usage des écrans. Le secret d’une utilisation saine repose sur l’équilibre et la diversité. « C'est bon pour la santé les carottes mais c'est rare que si on mange juste des carottes ça va aller bien dans notre vie. C’est la même chose avec la technologie », image-t-elle.


Démontrons de l’intérêt

« On considère le temps d'écran comme un problème alors que c'est un symptôme », fait remarquer Normand Landry. Il appelle à s’intéresser à ce qui fait en sorte que des personnes passent autant de temps sur leurs écrans. Que font-ils sur leurs écrans? Qu’y trouvent-ils?


C’est tout à fait normal que des enfants jouent à des jeux vidéo pour se divertir, dit-il. La meilleure manière de comprendre l’usage des écrans chez les jeunes et d’être présents auprès d’eux. Intéressons-nous de près à la vie personnelle de nos enfants!


Écoutez cet épisode :


Vous désirez exploiter cet épisode en classe avec vos élèves?

  • Décrire une situation conflictuelle qui pourrait émerger en lien avec le temps d’écran, identifier des points de vue et proposer des pistes de solution.

  • Inviter les élèves à comparer leurs usages des écrans à ceux de leurs parents et à amorcer un dialogue avec eux sur le sujet.

  • Réaliser l’activité « Le temps d’écran, cette patate chaude ».



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Le balado Les Temps modernes offre une pause pour se donner le temps d’approfondir, de réfléchir, de comparer des points de vues, d’évaluer des impacts et surtout de se faire sa propre opinion sur les phénomènes en lien avec l’univers numérique.

Apprenez-en plus sur Les Temps modernes : https://monurl.ca/lestempsmodernes


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